Quel sentiment plus beau, plus intime, que le pardon ? Ce sentiment qui allège notre coeur et notre âme, dès que nous l'avons accordé à quelqu'un. Ce quelqu'un pourrait être nous-mêmes et peut-être aurons-nous aussi besoin de ce pardon un jour. Quel soulagement de pouvoir dire à la personne que l'on aime que l'on regrette telle ou telle attitude, telle ou telle parole, tel ou tel acte !
Aussitôt que les mots sont prononcés et qu'ils sont reçus avec bienveillance et sincérité par la personne offensée, le poids se fait de moins en moins lourd sur notre coeur, et les larmes coulent sur nos joues avec une facilité incroyable. Tout ce que nous gardions sur le coeur et sur la conscience est enfin divulgué, avoué ; tout ce qui était un fardeau pour soi devient alors un cadeau pour l'autre. Ce soulagement est immédiat et durable. Ces mots prononcés, souvent quand la souffrance s'installe, qu'elle soit physique ou morale, sont comme une libération, attendue par l'offenseur comme par l'offensé.
Malheur à celui qui ne sait pas recueillir le mea culpa sincère et ému, car son inaptitude à pardonner lui pèsera longtemps, très longtemps, sur la conscience. Pardonner, c'est reconnaître la faiblesse de chacun d'entre nous. Pardonner, c'est accepter d'être charitable envers son prochain. Pardonner, c'est aimer dans toute sa profondeur et faire abstraction de son orgueil et de sa fierté. Pardonner enfin, c'est la plus belle preuve d'amour que l'on puisse apporter à celui qui souffre et qui a besoin de se libérer des chaînes de la culpabilité avant de partir.
Il suffit de repenser, même des années plus tard, à ces paroles dites en tête-à-tête, les yeux dans les yeux, dans le secret, dans un moment de pur échange spirituel, pour que l'émotion soit toujours aussi vive. Il ne s'agit pas de tristesse, mais d'une émotion intense qui remplit tout notre être et fait encore grandir cet amour, par delà la mort du corps physique.
Sans le pardon, celui qui s'en va a du mal à avancer et porte le poids de la culpabilité de nombreuses années, cherchant un peu de compassion au-delà de la tombe, mais la plaie reste profonde. Sans le pardon, celui qui reste regrette de ne pas avoir prononcé les mots tant attendus et c'est une cause de tourment perpétuel. Mais il n'est jamais trop tard pour pardonner. Le pardon peut s'accorder à tout moment, par la prière, par une pensée dirigée vers le malheureux qui reste suspendu à nos lèvres, par un élan d'amour et de générosité, car sans pardon, point de repos pour l'esprit. Il suffit d'un mot, d'un regard, d'une larme pour réconcilier deux cimes.
Ajouter un commentaire
Commentaires