Dialogue - homme/esprit
«Pourquoi la souffrance ?» La raison d'être d'une épreuve peut s'expliquer par la longue série des lois de causes à effets pour aboutir à la nécessaire évolution de l'âme. Savoir que, pour cette évolution, un guide spirituel nous assiste continuellement est une douce consolation. Aussi, dans un but d'amélioration, on peut admettre comme tout à fait louable de chercher à établir une meilleure communication avec notre guide afin d'éviter les tentations et de trouver le réconfort dans l'épreuve. Mais que nous dirait notre guide si nous pouvions mieux l'entendre ? Ayant tous été créés simples et ignorants, avec une égale aptitude pour progresser, et convergeant tous vers un même but de perfection, le dialogue avec notre guide ne devrait pas être très différent.
L'homme : Le ciel est noir sur ma tête, le sentier tortueux que je parcours côtoie des abîmes, je marche dans le brouillard vers un but inconnu. Qui donc guidera mes pas ? Qui donc éclairera mon chemin ? J'ai épuisé la coupe des plaisirs matériels et, au fond, je n'ai trouvé qu'amertume. Honneur, fortune, renom, tout s'est évanoui en fumée ! Et maintenant ma barbe a blanchi, mon front s'est dénudé, ma vue s'est presque éteinte, je sens que je me rapproche de l'issue fatale. Que sera- t-elle ? La nuit profonde, le silence éternel, ou bien sera-ce une aurore ?
L'Esprit : Au-dessus de la terre élève tes pensées. Ce globe n'est qu'un marchepied pour monter plus haut. Médite et prie ! La prière ardente est une flamme, une radiation de l'âme qui dissipe les brumes, éclaire le chemin, montre le but. Médite et prie et, si tu sais prier, tu obtiendras la vision, la compréhension de la beauté du monde, de la splendeur de l'Univers, tu verras la voie immense d'ascension qui conduit les âmes d'étapes en étapes vers la sagesse, la paix sereine, la lumière divine et tu remercieras Dieu ! Tout ce qui est matériel est précaire et changeant. Les choses de l'esprit seules sont durables. Pendant le temps qui te reste à vivre ici-bas, tâche, par la pensée et la volonté, de te libérer du joug de la chair. Cela rendra plus rapide le dégagement de ton âme à la mort, plus facile son entrée dans le monde fluidique, dans les grands courants d'ondes qui parcourent l'espace et la porteront vers les sphères supérieures où tu goûteras, selon les mérites acquis, des harmonies divines jusqu'à l'heure de la réincarnation, l'heure du retour sur la terre, pour y reprendre l'oeuvre d'évolution et de perfectionnement que tu sembles avoir bien négligée au cours de ta vie présente.
L'homme : Tu m'ouvres des perspectives qui m'éblouissent et me donnent le vertige. Reprendre la tâche après cette vie agitée, tourmentée, lourde de tant de soucis ! Renaître pour lutter encore ! Je préférerais le néant, le repos de la tombe et l'oubli.
L'Esprit : Le néant n'est qu'un mot vide de sens. Rien de ce qui est ne peut cesser d'être. Le principe de vie qui nous anime est un dynamisme puissant qui change simplement de milieu dans le phénomène que vous appelez la mort. Ma présence ici en est la preuve démonstrative. Etudie l'oeuvre de Dieu en toi, en ton âme, tu y reconnaîtras les germes de merveilleuses richesses destinées à se développer et à s'accroître de vies en vies par ton travail, par tes efforts, jusqu'à ce que tu sois parvenu à la plénitude de l'être dans la perfection morale, dans la possession du génie et de l'amour. Et quand tu seras parvenu à cette plénitude et que tu auras aidé ceux que tu aimes à s'y élever, alors tu emploieras tes puissances d'action à élever à leur tour tous ceux qui luttent et souffrent sur les mondes inférieurs. Alors tu comprendras toute la majesté du plan divin, le but sublime que Dieu a fixé à l'être en voulant qu'il soit l'artisan de son bonheur et le conquière lui-même par ses oeuvres.
L'homme : Le bonheur ? Je l'ai cherché en vain sur la terre et ne l'ai trouvé nulle part.
L'Esprit : Le bonheur existe pourtant ici-bas, car Dieu a disposé partout les alternances de la joie et de la douleur, pour le progrès et l'éducation des êtres. Mais tu as cherché le bonheur où il n'est pas, dans les élans de la passion ardente, dans les plaisirs violents et fugitifs. Le bonheur se cache comme toutes les choses subtiles et délicates. C'est en vain qu'on le cherche dans les jouissances terrestres que le souffle de la mort emporte. Le bonheur est dans l'acceptation joyeuse de la loi du travail et du progrès, dans l'accomplissement loyal de la tâche que le sort nous impose, d'où résulte la satisfaction du devoir accompli dans la paix sereine de la conscience, seul bien que nous puissions retrouver dans l'au-delà. Le bonheur est dans les joies pures de la famille et de l'amitié, il est aussi dans les joies qu'offrent la nature et l'art, ces deux formes de la beauté éternelle et infinie.
Le grand malheur de votre époque, c'est que l'homme n'a pas appris à comprendre, à sentir l'action providentielle, à mesurer l'étendue des bienfaits dont Dieu l'a comblé. Il se lamente sur les maux de la vie, sans discerner que ces maux sont l'héritage de son passé, la conséquence de ses agissements antérieurs qui retombent sur lui de tout leur poids. Souvent en renaissant, il réclame la douleur comme un moyen suprême d'épuration, de purification et, revenu sur la terre, dès que la douleur se présente, il la renie ! C'est la notion d'une vie unique qui a tout obscurci, rendu insolubles tous les problèmes de l'existence. De là le trouble des pensées, le doute, le scepticisme et pour beaucoup le matérialisme. Combien d'existences qui, aujourd'hui s'écoulent stériles, improductives, sans profit pour l'être, faute de voir clair et de comprendre le but de la vie et la grande loi de l'évolution. On n'a plus foi dans l'avenir, plus de certitude du lendemain et, par suite, moins de courage dans l'épreuve, moins de droiture dans les actes, nulle foi en Dieu, en son œuvre magnifique.
Applique-toi donc à réagir contre ces causes de désarroi moral, à les détruire en toi-même et ainsi à purifier ton âme et à te préparer une destinée meilleure.
L'homme : Ta voix m'a réveillé comme d'un long rêve, elle a ouvert à ma pensée des perspectives infinies. Après l'ombre, j'entrevois la clarté au milieu de ma nuit, c'est un rayon venu du ciel. Que ta main protectrice me guide au bord des abîmes. Pourquoi as-tu si longtemps tardé à m'instruire, à m'apporter à la place du doute, du pessimisme, la confiance et la joie de vivre ? Mais, puisque l'avenir est sans limites, dès maintenant je veux orienter ma pensée, ma volonté et mes actes vers le but grandiose que tu m'as dévoilé ! Puisque l'évolution est la règle souveraine de la vie universelle, eh bien ! Que cette loi auguste s'accomplisse et que le saint nom de Dieu soit béni !
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