En été 1912, à Saint-Louis aux États-Unis, Pearl Curran et son amie Mrs. Hutchings découvrirent la planche oui-jà. C’était
un moyen d’occuper leur temps. Mrs Curran va alors recevoir différents messages de leurs parents respectifs au cours
des mois suivants. Le 22 juin 1913, un Esprit se manifesta et écrivit plusieurs fois les lettres PAT, puis quelques paragraphes
poétiques. Le 8 juillet 1913, le pointeur du oui-ja désigna les lettres suivantes pour former cette phrase : «Bien des lunes
se sont écoulées depuis que j’ai vécu. Je reviens. Mon nom est Patience Worth.» Patience Worth déclara qu’elle désirait dicter
des romans historiques à Mrs. Curran. Les communications se poursuivirent pendant vingt-cinq ans jusqu’au 25 novembre
1937. La médium décédera le 3 décembre 1937 après avoir contracté une pneumonie le jour de Thanksgiving.
On connait cette histoire par des études, des articles publiés par des observateurs qui assistèrent aux séances, et par l’ouvrage du docteur Walter Franklin Prince, The Case of Patience Worth, édité à Boston en 1927.
QUI EST PEARL CURRAN ?
Elle naquit en 1883 en Amérique à Mound City en Illinois, sa famille déménagea au Texas puis à Saint-Louis dans le Missouri où elle vécut la majeure partie de son enfance et de sa vie adulte. Elle préféra jouer plutôt qu’étudier et fut une élève moyenne. Elle quitta l’école à l’âge de quatorze ans et ne manifesta jamais ni aptitudes littéraires ni intérêt pour la littérature. Elle prit des cours de piano et de chant. Elle occupa divers emplois. À vingt-quatre ans, elle épousa John Curran, un homme d’affaires prospère. Après sa mort, elle se maria encore deux fois et eut quatre enfants. Mrs Curran fut l’objet d’articles de journaux qui parurent dans le Saint-Louis Globe-Democrat et le Saint-Louis-Reedy’s Mirror, ce qui fit connaitre sa médiumnité et la manifestation de Patience Worth.
QUI EST PATIENCE WORTH ?
Ces informations furent données par l’esprit de Patience Worth ou perçues en clairvoyances par Pearl Curran au cours de ses
communications. Elle naquit en Angleterre, dans le Dorsetshire en 1649. Elle travaillait à la maison, chez ses parents John et
Anne Worth, et aux champs. Elle immigra vers l’Amérique avec sa famille, vers l’âge de trente ans. Elle arriva en Nouvelle-Angleterre et fut tuée par les Indiens. Les écrits de Patience Worth indiquaient qu’elle avait les connaissances d’une personne qui
avait réellement vécu aux époques qu’elle décrivait, notamment la Rome antique, la Palestine, l’Angleterre médiévale et
victorienne ainsi que l’Angleterre du XVIIe siècle.
LES ŒUVRES
Mrs Curran abandonna le oui-jà trop lent, et elle reçut les messages grâce à une combinaison de clairvoyance et de clairaudience, soit en écrivant les mots au fur et à mesure qu’elle les recevait, soit en dictant les mots à une autre personne lorsqu’elle les voyait ou les entendait. Elle pouvait percevoir des images, ce qui lui permettait de faire des descriptions précises. Mrs Curran reçut de Patience Worth des romans, des nouvelles, des traités religieux, des poésies, des proverbes et des pièces de théâtre. Voici quelques ouvrages publiés sous le nom de Patience Worth :
- The Sorry Tale (La triste histoire), un récit de plus de six cents pages sur la vie du Christ paru en 1917. L’éditeur Casper Yost était présent lors de la dictée d’une grande partie du livre. Il rapporta que Mrs Curran n’avait aucune connaissance de la Palestine
et de cette époque, à part ce qui est décrit dans le Nouveau Testament, mais son texte allait bien au-delà. «En une soirée, 5 000 mots ont été dictés, couvrant le récit de la crucifixion.», a écrit Yost. Le professeur Roland Greene Usher, doyen de l’histoire à l’Université de Washington, a qualifié The Sorry Tale de «la plus grande histoire du Christ écrite depuis la fin des Évangiles.» Il souligna que le livre avait été rédigé dans un anglais du XVIIe siècle, sans aucun anachronisme.
• Hope Trueblood, publié en 1918, est un roman se déroulant à l’époque victorienne où une jeune femme s’appelant Hope
Trueblood, lutte pour trouver le bonheur malgré les défis de la vie.
• Telka, publié en 1919 et écrit en langue anglo-saxonne archaïque, raconte l’histoire d’une idylle dans l’Angleterre
médiévale avec les thèmes de l’amour, de l’aventure et du destin. Cet ouvrage de 270 pages fut écrit en trente-cinq heures.
• Des poèmes explorant divers thèmes, tels que l’amour, la nature, la spiritualité et la condition humaine.
• Des essais sur une variété de sujets allant de la philosophie à la spiritualité.
Il y eut de bonnes critiques. Beaucoup s’interrogeaient sur le fait que Mrs Curran ait de telles connaissances historiques et
ce talent littéraire, car son éducation s’était terminée à l’école primaire et elle n’avait jamais voyagé. Ces livres et d’autres écrits de Patience Worth ont suscité beaucoup d’intérêt et ont alimenté un débat sur la nature de ces communications.
LES ENQÛETES
Elle fit l’objet d’études. Pour partie, les «textes» reçus était écrits dans un style assez archaïque, dans une langue anglosaxonne difficile à comprendre, celle que parlait Patience dans sa campagne du Dorsetshire au XVIIe siècle. Patience Worth dictait des mots dont certains devaient être recherchés dans des dictionnaires de dialectes et des livres anciens pour découvrir leur signification. Lorsqu’on lui demanda pourquoi elle s’exprimait de cette manière, Patience répondit que les gens ne croiraient pas qu’elle était réelle si elle écrivait un anglais moderne. Cependant par la suite, son discours devint moins archaïque et plus moderne.
Dans un test conçu par le chercheur psychique Walter Franklin Prince, Mrs Curran dictait un poème de Patience tout en écrivant une lettre à un ami. Dans une autre expérience, elle narrait quatre histoires différentes, dont une en dialecte archaïque et une
en langage moderne. Elle passait de l’une à l’autre avec célérité, les ruptures entre les histoires s’ajustant si étroitement qu’un personnage d’une histoire semblait répondre au personnage d’une autre histoire, mais on constata que chaque texte s’adaptait parfaitement à la place qu’il devait occuper.
EH Garnett, un avocat de Chicago, témoigna : «Je l'ai vue à plusieurs reprises produire oralement et sans un instant d'hésitation, de vingt à trente poèmes sur des sujets divers, abstraits et concrets, qui lui étaient proposés par le public.»
Le cas de Patience Worth a suscité un grand intérêt chez les spirites et médiums, ainsi que dans les domaines de la psychologie. Certains ont émis des doutes sur la réalité des communications. Des hypothèses ont été avancées : Mrs Curran était une falsificatrice, aimant la notoriété ; ses écrits étaient produits par son inconscient, elle avait plusieurs personnalités. Or, Mrs Curran
n’était pas une affabulatrice. Elle était peu payée par son éditeur. Elle n’avait ni l’intelligence ni la culture nécessaire pour
écrire de telles œuvres. Le caractère et le tempérament de Patience Worth, avec son esprit mordant, spirituel, étaient très
différents de ceux de Pearl Curran qui avait moins d’imagination, peu de repartie, peu de culture et commettait des erreurs
de syntaxe.
Nous laisserons la conclusion à Ernest Bozzano qui écrivit :
«Le problème ne peut être résolu sans admettre l’intervention d’une entité étrangère au médium.» Pearl Curran était médium
et communiquait avec l’esprit de Patience Worth qui désirait transmettre par son intermédiaire, depuis son au-delà, ses
œuvres littéraires aux humains et manifestait ainsi sa survivance.
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