L'esclavage moderne : tour d'horizon de la planète

Mauritanie : dans ce pays, persiste l’un des plus grands systèmes esclavagistes du monde. Sur le papier, le gouvernement mauritanien a aboli l’esclavage en 1981 et l’a criminalisé en 2007, mais en pratique, il mène peu d’actions pour l’éradiquer. Ces pratiques esclavagistes perdurent car profondément enracinées dans la société mauritanienne. Aujourd’hui, les Mauritaniens réduits en esclavage, principalement les Maures noirs, sont victimes de sévices, de manipulations psychologiques, de violences sexuelles, de privations de nourriture et de tortures. L’origine de cet esclavage remonte aux VIIIe et XIe siècle avec l’arrivée, respectivement, des Berbères et des Maures arabes à la peau claire qui, en conquérant la région, ont créé un système hiérarchisé de castes qui réduisit en esclavage les Haratines autochtones et d’autres groupes afro-mauritaniens à la peau noire. Il s’agit d’un système héréditaire d’esclavage «mobilier» : le statut d’esclave se transmet de génération en génération.


Mali : le Mali ne parvient même pas à adopter la moindre législation spécifique à la lutte contre l’esclavage, malgré deux tentatives en 2013 et 2017 qui se sont heurtées aux inquiétudes suscitées par les différents groupes ethniques du pays. En effet, l’esclavage persistant au Mali est le produit de l’organisation de certaines ethnies sur la base d’un découpage de la société en catégories hiérarchisées et réputées homogènes, tel un système de castes. L’esclavage organisé aujourd’hui au sein des ethnies se présente essentiellement sous la forme de l’ascendance, et la condition servile se transmet par la mère.


La culture du cacao : la chaîne d’approvisionnement du cacao
démontre les pires formes de travail des enfants en Afrique de
l’Ouest. Le nombre d’enfants recensés dans ce secteur est de
14% et, même si la plupart le font dans un cadre familial, beaucoup d’entre eux travaillant de longues heures dans les fermes, sont exposés à des pesticides dangereux et se blessent avec des machettes ou des tronçonneuses.



Haïti : même si Haïti est la seule nation à s’être constituée grâce à la rébellion victorieuse d’esclaves, un autre type d’esclavage
sévit encore dans tout le pays : l’esclavage domestique des enfants connu sous le nom de restavèk. Cette pratique remonte au
début du XXe siècle et est due à l’extrême pauvreté. Elle consiste à contraindre des enfants âgés d’à peine cinq ans à effectuer des
tâches ménagères pénibles et dangereuses chez les membres de la famille élargie ou dans d’autres foyers. Le système de restavèk
constitue une forme d’exploitation qui se caractérise par la violence et les abus qui lui sont associés. 


Brésil : les victimes du travail forcé sont majoritairement des hommes afro-brésiliens, originaires de régions où les taux de
pauvreté et d’analphabétisme sont élevés. Il s’agit principalement de déplacés internes qui quittent leur foyer à la recherche de nouvelles perspectives dans des zones d’expansion agricoles ou dans des grandes villes, attirés par les fausses promesses des recruteurs, et qui se retrouvent réduits en esclavage.


La pêche : dans le secteur de la pêche commerciale, l’esclavage moderne prend les formes graves d’exploitation de main d’oeuvre
par le travail forcé et la servitude pour dettes. Avec la demande mondiale en hausse et la baisse des ressources halieutiques qui
rallongent les distances, ces pratiques sont omniprésentes pour maintenir les taux de profit des exploitants qui compriment les
coûts de main d’oeuvre représentant jusqu’à la moitié des dépenses totales des navires. La majorité de ces travailleurs migrants vient du Cambodge, d’Indonésie, des Philippines et du Myanmar. Les témoignages sont horribles : horaires de travail à rallonge, pratiques dangereuses, conditions de vie sordides, négligences en matière de santé et de sécurité, privations de nourriture et d’eau, abus (psychologiques, physiques et sexuels), enfermement, tromperie et violence pour un maintien sous contrôle permanent, rétention des salaires et confiscation des documents d’identité. Ce travail forcé en mer dans les eaux internationales est loin de tout contrôle et donc sévit en toute impunité. 


Corée du Nord : si la majorité des pays a interdit l’esclavage et le travail forcé, ce n’est pas le cas de la Corée du Nord qui y recourt
en envoyant ses ressortissants à l’étranger travailler de longues heures pour des salaires dérisoires (les prix nord-coréens sont
inférieurs à ceux des pays dans lesquels ils sont envoyés) et c’est le gouvernement de Pyongyang qui empoche les bénéfices en ponctionnant jusqu’à 90% des salaires. Ces pratiques sont similaires à la traite des êtres humains. Ces gens ne peuvent refuser le travail ou toute autre demande qui leur est faite. Leurs passeports sont récupérés et conservés par l’ambassade de Corée du Nord dans le pays. Tout acte de désobéissance ou, pire, de fuite, est sévèrement puni, jusqu’aux familles restées au pays qui courent également des dangers. 


Afghanistan : en vertu du droit international, les enfants ne peuvent pas consentir au mariage, donc par définition, le mariage
des enfants est forcé. En 2016-2017, près de 30% des 20-24 ans en Afghanistan s’étaient mariés avant l’âge de 18 ans. Cela est dû
à des pratiques traditionnelles comme les mariages pour rembourser les dettes et résoudre les conflits (baad) ou l’échange de
fiancées pour réduire les coûts associés au mariage (baadal) qui sont des unions sous contrainte. Le retour au pouvoir des talibans
en 2021 soulève de nouvelles inquiétudes quant à l’aggravation du phénomène puisque des témoignages crédibles font déjà état de mariages forcés avec des combattants talibans dans différentes régions du pays.


Europe : le continent européen dispose d’un cadre juridique très complet contre l’esclavage moderne et la lutte contre l’esclavage
est au coeur du corpus des valeurs européennes mais les intérêts économiques et le manque de volonté politique font que certains
États tolèrent encore des formes graves d’exploitation, analogues à l’esclavage, et que les autorités ne diligentent pas suffisamment
d’inspections pour assurer des conditions de travail dignes. L’OIT estimait en 2012 que 880 000 personnes étaient victimes d’exploitation sur le continent, sous une forme ou sur une autre. Quelques 270 000 d’entre elles étaient victimes de prostitution forcée, tandis que les 70% restants, soit 610 000 personnes, étaient en situation de travail forcé. L’Europe est encore loin d’avoir résolu le problème de l’esclavage moderne.

 

La pire forme d’esclavage moderne, les enfants soldats : l’utilisation des enfants dans les conflits armés est une forme d’esclavage et de traite des êtres humains. Elle est aussi grave et lucrative que le trafic d’armes et de stupéfiants. Dans des dizaines de pays, des enfants sont forcés de combattre ou sont utilisés comme esclaves, par des rebelles aussi bien que par des gouvernements. L’enrôlement des enfants comme soldats est répertorié comme «l’une des pires formes de travail des enfants» (OIT 1999). La traite d’enfants-soldats est directement liée à la violence sexuelle et à l’exploitation de ces enfants par leurs supérieurs hiérarchiques adultes. On estime que le recrutement d’enfants dans les conflits armés a coûté la vie à plus de deux millions d’entre eux et en a laissé plus de six millions mutilés ou handicapés à vie ; un million sont devenus orphelins et dix millions souffrent de graves traumatismes psychologiques. Les enfants-soldats sont soumis à des atrocités deshumanisantes au quotidien : kidnappés, torturés, endoctrinés avec brutalité, forcés de s’intoxiquer avec des drogues qui altèrent leur jugement, obligés d’assister à des meurtres dans leur ancien village ou même à y participer directement. Le lavage de cerveau qu’ils subissent est tellement brutal et total que leurs valeurs éthiques et morales se dénaturent complètement : ils en viennent à croire que faire le mal est bien. Drogués, dressés à ne jamais avoir peur, entraînés à un combat sans merci, ils deviennent de dangereuses machines à tuer et obéissent comme des robots aux ordres et tuent des personnes innocentes, juste pour rester en vie.

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