Certains ont parlé du grand remplacement, en évoquant ce qu’ils considèrent comme des flambées migratoires inédites
dans l’histoire. Cette idée s’est exprimée en France d’après une théorie d’extrême droite de l’écrivain Renaud Camus, ainsi que
dans d’autres pays européens, faisant référence aux migrants venant d’Afrique et du Moyen Orient. Rien de véritablement nouveau
dans cette forme d’ostracisme, sinon le fait que la formule employée «grand remplacement» suggère une invasion telle
que nous perdrions tous nos repères culturels, éducatifs, artistiques, littéraires et religieux, au profit d’autres civilisations, l’une
de sensibilité musulmane, qui viendraient supplanter la nôtre.
On relève ici l’inanité d’un propos délibérément raciste qui vise à faire croire que notre vieille culture chrétienne serait en péril.
En réalité, toutes les études montrent que, par exemple en France, de tout temps il y eut des flux migratoires importants qui
n’ont jamais mis en péril notre culture.
Migrants en raison de crises économiques, ils furent italiens, polonais, puis espagnols, exilés pour raisons politiques ou ne
supportant plus la dictature franquiste, et après des portugais pour les mêmes raisons. Mais tous ces mouvements de populations
concernaient des européens blancs et de culture chrétienne, d’où une intégration relativement aisée, malgré quelques
phénomènes d’ostracisme pour la première génération.
Ensuite la fin de la guerre d’Algérie a produit des vagues migratoire considérables, d’une part les pieds noirs (essentiellement
d’origine européenne) et d’autre part des Algériens de souche, qui, déconsidérés chez eux pour avoir soutenu l’Algérie française,
n’eurent d’autre solution que le chemin de l’exil vers la France.
Et déjà là se sont fait ressentir des différences bien plus fortes qu’avec des populations d’origine européenne. Les harkis, ainsi
étaient-ils nommés, ont très longtemps été mal accueillis et considérés comme citoyens de seconde zone même s’ils restaient
citoyens français après la décolonisation. Cependant au final, leur intégration n’a pas réellement posé de problème.
Et par la suite dans le déroulé historique, ce sont de nombreux migrants d’Afrique noire qui sont venus pour des raisons d’asile
politique ou de pauvreté, aujourd’hui pour fuir la guerre et la misère, sans compter déjà les premiers réfugiés climatiques ;
des population qui du fait de leur couleur sont davantage remarquées que les nouveaux réfugiés ukrainiens, qui eux, passent
presque inaperçus…
Cette idée du grand remplacement s’est un peu estompée ces derniers temps, bien qu’elle ait encore servi à Eric Zemour
lors des récentes campagnes électorales. Mais en réalité le racisme rampant est toujours bien vivace chez nombre de nos
concitoyens. Le vote massif pour l’extrême droite aux récentes législatives européennes en est un symptôme, même si dit-on,
l’ostracisme et le racisme ne seraient pas les uniques raisons
de ce vote.
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