VIBRATIONS MUSICALES ET SANTÉ, UNE QUESTION D’HARMONIE - partie 2

DES TENTATIVES D’ANALYSE SCIENTIFIQUE

 

Quelques études ont été menées ici ou là pour connaître l’impact éventuel de la musique sur la santé, et ont fait l’objet
de publications scientifiques. Loin d’une malédiction mais de manière plus prosaïque, il faut d’emblée préciser que les
troubles du rythme cardiaque apparaissent comme des affections fréquentes chez les chefs d’orchestre, car la pratique de
direction d’orchestre reste une activité très exigeante sur le plan cardiovasculaire. Si la «charge physique» peut être parfois
importante, la «charge émotionnelle» vient se rajouter de manière notable à l’astreinte subie par un chef d’orchestre.
Intrigué par le pouvoir de la musique de Wagner, le chef autrichien Herbert von Karajan s’était intéressé à ce sujet, et il a été
vraisemblablement le premier à s’être fait appareiller, afin de vérifier le niveau de sa fréquence cardiaque en pleine direction
d’orchestre, avec l’aide du Dr Carl Simon. Celui-ci avait montré dès les années 70 que l’énergie physique dépensée par Karajan
pendant un concert avait moins de répercussions sur le système neuro-végétatif que le pouvoir émotionnel et vibratoire
même de la musique. Son tracé électrocardiographique pendant la 6e Symphonie de Gustav Mahler passait par exemple de
120 à 170 au paroxysme du mouvement : c’est dire l’importance et les effets potentiels de la vibration musicale.
Tous deux décidèrent d’observer l’état de santé de musiciens de carrière appartenant à deux orchestres : dans l’orchestre
A, les musiciens jouant principalement des oeuvres classiques (symphonies, morceaux harmoniques, etc.), et dans l’orchestre
B spécialisé lui dans les musiques avant-gardistes, expérimentales, et moins harmoniques. Les résultats furent surprenants :
dans le groupe A, seules 2% des personnes furent en mauvaise santé, soit 4 fois moins que la moyenne nationale relevée à
cette époque, avec des problèmes rencontrés par les personnes de ce groupe uniquement pour des soucis de sommeil. Dans le
groupe B en revanche, plus de 52% des musiciens présentaient des problématiques de santé, 22% avec des troubles du sommeil
et 13% ayant même subi des hospitalisations. Le type de musique, et donc de son et ses harmonies, avait donc bien une
influence sur la santé.


En 2016, une équipe de chercheurs allemands a par exemple étudié l’impact de différents types de musiques sur la tension
artérielle et le taux de cortisol (source : «The Cardiovascular Effect of Musical Genres - A Randomized Controlled Study on
the Effect of Compositions by W. A. Mozart, J. Strauss, and ABBA», par Hans-Joachim Trappe et Gabriele Voit). Pour cela,
ils ont sélectionné soixante personnes à qui ils ont fait écouter trois types de musiques différentes pendant vingt-cinq
minutes, de la musique classique avec Mozart, Johann Strauss fils, et de la musique pop avec le groupe ABBA. Leur taux de
cortisol, leur fréquence cardiaque, et leur pression sanguine furent mesurés avant et après des sessions d’écoute selon
un protocole expérimental bien précis. À titre de comparaison, ces mêmes paramètres furent enregistrés sur un groupe
témoin de soixante autres sujets n’écoutant pas de musique, mais restant dans le silence. Les résultats furent assez édifiants
puisque chez les patients écoutant l’une de ces musiques, la pression artérielle systolique (le premier chiffre de la tension)
est descendue de 4,7 points en moyenne, et la pression diastolique (le deuxième chiffre de la tension) a baissé de 2,1 points
en moyenne, sans autre explication. Ces résultats furent les plus élevés avec la musique de Mozart, un peu moindre avec
des danses de Strauss, mais à l’inverse aucune amélioration notable ne fut relevée avec la musique d’ABBA ! Quel était le
morceau de Mozart en question ? Il s’agissait de la célèbre symphonie N° 40 en si mineur (KV550), dite ‘grande symphonie en
sol mineur’ et surnommée aussi ‘symphonie tragique’…

 

 

LA GÉNODIQUE, QUAND LA MUSIQUE PARLE AUX CELLULES

 

Et c’est un grand physicien français, Louis de Broglie (1892-1987), ami d’Albert Einstein, qui permit de comprendre pourquoi. En 1923, il affirme que tous les atomes dégagent une onde, posant ainsi les bases de la mécanique ondulatoire
à l’origine de la physique quantique. Grâce à cette découverte révolutionnaire et à sa thèse consacrée aux recherches sur la théorie des quantas, il décroche le prix Nobel de physique en 1929. En 1927, il établit qu’à chaque masse correspond une fréquence. Autrement dit, puisque tout est vibration, tout dans la nature possède une fréquence donnée. 


Transposé à notre corps, une hypothèse rapidement faite est que cette vibration semble correspondre à la fréquence
émise par la synthèse des protéines. Et la synthèse des protéines, c’est le «langage» qu’utilise le corps pour transmettre les informations entre ses fonctions, ses organes, ses cellules, etc. En analysant ces successions de fréquences qui caractérisent le fonctionnement métabolique et physiologique, Joël Sternheimer, un élève de Louis de Broglie, s’aperçoit alors qu’elles sont comme des «petits morceaux de musique». Joël Sternheimer (1943-2023), connu aussi depuis les années 1960 sous son nom de chanteur Évariste, est un chercheur indépendant français, docteur en physique théorique. Il est à l’origine de la génodique, mêlant génétique et musique, dans une théorie controversée sur des phénomènes vibratoires qui, une fois rejoués, seraient capables de stimuler la croissance des végétaux et de soigner certaines maladies, en activant la synthèse de protéines. Au moment de s’assembler pour former les protéines, les acides aminés émettent des ondes qui, transcrites en musique, composent des mélodies, appelées protéodies. La diffusion de ces protéodies aurait alors un effet stimulant ou inhibant sur la synthèse des protéines, d’où des applications en agriculture et sur la santé animale ou humaine. D’après ses recherches, on serait donc capable de recréer la «musique» d’une chaîne protéique. Et qu’en est-il de cela ? Eh bien devinez quoi : le passage «tueur» dans l’opéra ‘Tristan undIsolde’ de R. Wagner est très proche de la «musique», donc la séquence protéique, associée à la crise cardiaque ! Voilà comment la musique pourrait «tuer» lors de fragilités cardiovasculaires chez certains chefs d’orchestre… Mais la bonne nouvelle, c’est qu’il existerait aussi à l’inverse des musiques capables d’activer une bonne santé, voire une guérison. Ainsi de manière surprenante, d’après ces mêmes travaux de Joël Sternheimer, on découvre que la Marseillaise accélèrerait la cicatrisation d’une plaie (on trouverait dans son refrain la chaîne protéique de la cicatrisation). Les ‘Quatre Saisons’ de Vivaldi favoriseraient quant à elles les montées de lait… 


Tout cela pourrait prêter à sourire, mais des études plus récentes et beaucoup plus scientifiques ont aussi montré par exemple cet
impact favorable de certaines musiques comme on l’a vu sur la circulation sanguine et la pression artérielle, mais sans en identifier
les causes premières. Il y aurait donc certainement encore beaucoup de choses à découvrir et de recherches à mener dans ce
domaine de la musicothérapie.

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